30
Nov

Fast-Fashion : il est temps de ralentir !

La mode devient de plus en plus jetable, entraînant des dégâts tant sur l’environnement, sur les travailleurs et travailleuses du secteur que sur notre santé. Il est temps de changer notre rapport aux vêtements et de faire bouger les marques ! C’est dans ce contexte et pour relayer la campagne « Fast Fashion » initiée par Zero Waste France 1 que Anne, notre couturière Zéro Déchet Besançon, a participé à la journée du 28 novembre dernier dans le cadre du Festival des Solidarités organisé par le collectif Festisol2.

Le Festival des Solidarités, rendez-vous international pour promouvoir et célébrer une solidarité ouverte au monde et aux autres, s’est déroulé à Besançon du vendredi 12 au dimanche 28 novembre. Zéro Déchet Besançon, sollicité par le collectif Festisol, a participé à la journée de clôture en renfort à l’atelier couture et réparation textile, à travers l’intervention de Anne notre couturière en chef. Au programme : solidarité et sensibilisation du public à la réduction des déchets textiles et plus globalement à la consommation responsable. Une dizaines de machines à coudre et autant, voire plus, de couturières ont œuvré toute l’après-midi pour faire découvrir à un public timide les bénéfices de la réparation textile. L’occasion également de coudre un bon nombre de lingettes démaquillantes en tissu de récupération (qui ont ensuite été remises à l’association FreeZone afin d’alimenter leur zone de gratuité au tandem, quai Vauban) et autres produits réutilisables.

« Cette journée m’a donné l’opportunité d’aborder le sujet « zéro déchet et réemploi des textiles (mais pas seulement !) avec des visiteurs mais également avec des bénévoles venus prêter main forte sur l’atelier couture en place ou les bénévoles d’autres associations présentes sur l’événement.C’était vraiment une ambiance chaleureuse et l’occasion d’échanger avec des personnes aux profils complètement différents, mais qui s’engagent toutes dans la même voie : celle de la déconsommation. »

Anne a ainsi passé son après-midi à coudre et distiller de bons conseils aux personnes motivées par la démarche du réutilisable et de la réparation. Mais cet après-midi là, on a aussi surcyclé3. C’est-à-dire donné une seconde vie aux vêtements, ceux qu’on n’aime plus, mais qui pourraient plaire à d’autres, en les donnant aux associations FreeZone (association issue du collectif bien connu les Bisons Teints) et Secours Populaire. Une intervention théâtrale de CCFD Terre Solidaire a permis au public présent sur place de prendre conscience de ce qu’était le greenwashing, ce piège très souvent utilisé par les grandes marques (aussi appelé “éco-blanchiment” ou “écologie de façade”). Le greenwashing vise à calmer notre anxiété ou notre sentiment de culpabilité. A coup de peinture verte et de mots magiques (éco-responsable, mode durable, notre marque s’engage, collection conscious…), la fast-fashion tente de nous vendre des vêtements soi-disant écologiques et respectueux des droits des travailleuses et des travailleurs. Au milieu de la pièce trônait une étrange machine créée par le pavillon des Sciences de Montbéliard. Une approche ludique qui permettait de décortiquer la provenance des différents matériaux nécessaires à la fabrication d’un jean ou d’un smartphone, ainsi que leurs impacts environnementaux et sociétaux.

La journée s’est achevée par un spectacle-débat engagé au Kursaal. La pièce de théâtre “Comment on freine ?” (écrite par Violaine Schwartz et mise en scène par Nathalie Dufour avec la compagnie Chantier Public) suit un couple qui se questionne sur la société de consommation et son impact sur les ouvrières du Bangladesh, fabricantes de nos vêtements. De quoi d’interroger nos consciences et mettre en perspectives nos comportements d‘achat.

Un débat a eu lieu à l’issue de la représentation, entre Nathalie Dutour, Mélaine Catuogno et Mathieu Tanguy de la compagnie Chantier Public, Nayla Ajaltouni du Collectif Ethique sur l’Étiquette, Ionna de Recidev, Anne de l’association Zéro Déchet Besançon et le public. Cet échange a fait émerger beaucoup de questions sur la création du spectacle et l’avis de l’équipe artistique sur le sujet : entre autres les actions menées par Ethique sur l’étiquette, la politique de l’Europe pour le respect du droit des travailleurs ou la façon dont les consommateurs peuvent agir. Anne, quant à elle, s’est exprimée au sujet des savoirs et des savoirs faire qui ont disparus suite aux délocalisations des entreprises, des alternatives qui s’offrent aux consommateurs et des démarches qu’ils peuvent effectuer pour interpeller les politiques.

La Fast-fashion c’est quoi ?

La fast-fashion, c’est la mode rapide, la mode qu’on peut recevoir chez soi en quelques clics, la mode qu’on fabrique en quelques semaines voire quelques jours. C’est la mode jetable, la mode qui privilégie la quantité à la qualité, la mode qui se recycle difficilement. La fast-fashion, c’est la mode qui nous pousse à acheter plus, plus souvent, c’est la mode qui nous étouffe, c’est la mode qui nous fait dépenser, c’est la mode qui nous fait croire qu’on fait des économies, c’est la mode qui n’enrichit que les industries qui la créent. La fast-fashion, c’est la mode qui nous empoisonne, la mode des produits chimiques qui provoquent des maladies, la mode qui assèche les rivières, la mode synthétique pleine de micro plastiques, la mode qui épuise nos ressources et détruit la biodiversité.
La fast-fashion, c’est la mode qui tue.
La fast-fashion, c’est la mode à bas coûts, la mode qui se brade aux prix des conditions de travail, des salaires vitaux et de la santé des travailleurs et travailleuses en début de la chaîne de production jusqu’aux vendeurs et vendeuses en magasins; c’est la mode qui exploite. La fast-fashion, c’est un système bien rôdé, qu’il est nécessaire d’enrayer : en s’informant, en se désintoxiquant de ce tout ce qu’il nous appris et insufflé, en changeant sa façon de consommer, en partageant et en militant pour le faire changer.

Bonne nouvelle : nous pouvons tous apprendre à résister à la fast-fashion et réduire nos achats !

Avant de faire du shopping, il y a donc une étape cruciale : celle de faire l’inventaire de ce que l’on possède. Combien de pantalons, de vestes, de chemises, de t-shirts, etc ? Les couleurs, les matières ? On vide tout et on fait les comptes. A quoi ça sert ? A ce que le lendemain matin, on n’ait plus l’impression d’avoir besoin de nouveaux vêtements pour avoir quelque chose à se mettre.

Il faut aussi se sortir de la tête les stéréotypes qu’on nous impose : la pression du corps parfait qui passerait (inévitablement) par le vêtement, qui se veut unique, idéal pour nous. C’est oublier que le style, c’est quelque chose de personnel. Connaître son corps, les formes de vêtements dans lesquelles on se sent bien, les matières agréables… c’est une étape essentielle pour ralentir.

De plus la fast-fashion nous fait aussi croire que l’on a besoin de cette nouvelle pièce tout de suite. Collections éphémères, nombre d’exemplaires limité, promotion… Alors, comment faire pour éviter le piège de l’achat compulsif ? Ne possède-t-on pas déjà un article similaire chez soi ? Est-ce que c’est utile d’acheter ce pull en plein mois d’août ? Si on est tenté·e par un vêtement, mieux vaut prendre le temps de le toucher, de l’essayer, de vérifier qu’on se sent bien dedans.

Et pour résister un peu plus, limitons notre exposition à la publicité et son influence. Quelques solutions rapides et efficaces : installer un bloqueur de publicités sur son navigateur, couper les notifications des applications d’achat en ligne, mettre un autocollant STOP PUB sur sa boîte aux lettres ou alors se désabonner des newsletters des marques.

Et prenons soin de ce que nous possédons déjà…

Pour garder ses vêtements plus longtemps, bien sûr il faut en prendre soin, respecter les indications de lavage, se renseigner sur l’entretien des différentes matières. Mais on peut aussi créer une relation durable d’un point de vue émotionnel, s’attacher à son vêtement parce qu’il porte des souvenirs, parce qu’on est fier·e de l’avoir déniché en friperie ou qu’il a appartenu à une personne qui nous est chère4.

Et lorsque notre vêtement se troue, s’élime, la réparation est LA solution. Cette réparation peut même être créative et servir de support pour personnaliser votre vêtement, le rendre unique et vous donner envie de le garder plus longtemps.

En conclusion, nous persistons dans l’idée qu’il est possible de ne pas tomber dans les pièges de la Fast-fashion et de consommer autrement ! Si après toutes les étapes décrites précédemment, vous décidez d’acheter de nouveaux vêtements, vous pouvez vous tourner vers le marché de l’occasion. Du particulier au particulier : vous pouvez récupérer gratuitement, échanger ou acheter des vêtements auprès d’autres personnes. Ces transactions sont facilitées par les réseaux sociaux et des plateformes dédiées. Les brocantes ou les friperies fonctionnent également très bien et sont nombreuses sur notre territoire.

Une fois que l’on a pris conscience des impacts de la fast-fashion et qu’on a décidé de réduire sa consommation, on peut choisir de privilégier des vêtements de qualité, qui vont durer plus longtemps, pas seulement parce qu’on les aura mieux sélectionnés mais aussi parce qu’ils seront de meilleure qualité. On peut aussi miser sur une marque qui fait travailler les gens dans de bonnes conditions, avec un salaire vital, et qui minimise les impacts environnementaux à toutes les étapes de sa production. C’est ce qu’on appelle la mode éthique.

Et pourquoi ne pas envisager de sortir de l’acte d’achat, notamment pour les vêtements que l’on utilise occasionnellement ? Ça n’a rien de nouveau quand on y pense. Par exemple, c’est assez commun de louer un déguisement ou une tenue de ski/de plongée. On pourrait élargir cette pratique aux tenues pour les soirées ou les grandes occasions. Ça marche aussi pour les vêtements de grossesse, qu’on utilise forcément de manière éphémère.

1 Zero Waste France s’attaque à la fast-fashion et propose différents moyens pour changer sa façon de consommer et interpeller les entreprises de ce secteur. Son guide de résistance à la fast-fashion à lire absolument : Guide de résistance à la fast-fashion  

2 www.festivaldessolidarites.org

3 Ne pas confondre la réutilisation ou réemploi de vêtements avec le recyclage qui est un processus industriel qui consiste à défibrer, broyer ou effilocher des vêtements pour en récupérer une partie qui deviendra une matière recyclée. Alors que la réemploi consiste à les utiliser pour leur usage d’origine, donc en tant que vêtements

4 Dès janvier prochain, Zéro Déchet Besançon se fera le relai du #AuFilDuTemps, projet Zero Waste France permettant de mettre en lumière notre vêtement chouchou en publiant sa photo et son histoire. Suivez-nous sur notre page Facebook !

Leave a Reply

You are donating to : Greennature Foundation

How much would you like to donate?
$10 $20 $30
Would you like to make regular donations? I would like to make donation(s)
How many times would you like this to recur? (including this payment) *
Name *
Last Name *
Email *
Phone
Address
Additional Note
paypalstripe
Loading...